Un manteau pour la Vierge

La Joconde, Les Tournesols, les deux doigts du plafond de la Chapelle Sixtine, le Che, L’Abbé Pierre (1), autant de figures, d’œuvres iconiques, mais jamais d’icônes sur les tee-shirts…

Les icônes sont des œuvres peintes dans la tradition byzantine particulièrement orthodoxe ; elles sont installées dans les églises sur une cloison, l’iconostase, qui sépare les fidèles du prêtre. Leur vénération remonte au VIIIe siècle.

En faire des tee-shirts… Qui les achèterait ?

Restons sur des peintures religieuses ; imaginons des œuvres d’art imprimées sur des vêtements de tailles beaucoup plus importantes que des tee-shirts, avec une qualité de fabrique d’un tout autre niveau.

Quelles œuvres choisir ? La Vierge et l’enfant en majesté entourés de six anges par Cimabue, vers 1280, l’une des merveilles du Louvre.

La découverte pour ceux qui croiseraient la personne ainsi habillée serait réelle ; le mouvement de la marche ferait bouger les ailes des anges qu’on imaginerait s’envoler au-dessus du boulevard…

On regarderait les incroyables inventions graphiques de Cimabue : les plis du manteau de la Vierge qui se prolongent dans celui de Jésus, assis sur ses genoux, seule la couleur change ; les variations dans les bleus et rouges, des ailes des anges qui créent la profondeur ; les nez, tous du même modèle, y compris la Vierge, de trois quarts, seul celui de Jésus, de face.

Cimabue fut le maître de Giotto ; pour l’admirer, on pourra commencer par le Louvre, un jour, ensuite c’est aux Offices à Florence que (re)commenceront les choses sérieuses…

Les musées fermés sont l’occasion rêvée pour inventer d’autres regards sur l’art à des endroits inattendus ; c’est le moment d’être inventif sans chercher à faire fortune, juste offrir à d’autres de regarder des œuvres qu’on aime dans son dos, quitte à déborder sur les flancs.

Une manière de partager, car bien entendu, il faudrait satisfaire la curiosité des admirateurs. La vie, quoi !

(1) Pour lire la chronique L’Abbé Pierre en tee-shirt !