Errare politicum est

Depuis les quatre énormes manifestations contre la réforme des retraites où l’unité syndicale est historique, un slogan dit l’essentiel : « Retrait de la loi Macron sur les retraites, même si au fond, c’est son père qui aurait dû se retirer ».

À l’Assemblée, à la raison du plus fort qui veut financer les retraites sans déranger celles qui portent un chapeau, haut de forme, s’oppose la passion des martyrs qui s’esquintent à l’ouvrage, défendus entre autres, par ceux qui refusent de se soumettre, La France Insoumise.

Thomas Portes est l’un des leurs ; récemment, il a imprimé sur un ballon de foot, la tête du Ministre du Travail, Olivier Dussopt ; il a mis le ballon par terre et son pied dessus ; au foot, c’est normal ; à l’Assemblée, moins, le tweet n’est pas passé !

Le lendemain, le ministre a demandé à un autre député LFI, qui ne le laissait pas parler, si lui aussi voulait sa tête ; plusieurs ténors de la majorité ont dit au député Portes, avec plus ou moins de talent, qu’il devait s’excuser ; ce à quoi ont répondu des députés LFI, en évoquant le droit d’amendement… Ils n’allaient quand même pas parler foot !

Ce ping-pong a eu lieu à coups de « rappels au règlement », orchestrés selon la procédure de l’Assemblée, par la présidente, Yaël Braun-Pivet.

Comme il la regardait, son texte d’amendement posé à côté de lui, levant les deux bras en signe d’impuissance, sous les huées, elle lui a dit qu’il ne fallait pas qu’il s’étonne…

La présidente avait déjà trouvé intolérable l’habillage par   Les Rosies de la statue La Loi, œuvre du sculpteur Feuchère (1807-1852), sur la place du Palais Bourbon.

Elle souhaite des débats sereins ; elle est servie.

Mais n’exagérons rien, même si ça chauffe dans l’hémicycle, la « violence » des débats n’est rien à côté du diable de travail, qui fait mal quand il est dur.

Le mal, Satan, Feuchère l’a sculpté ; l’œuvre est nettement plus inspirée ; le mal inspire plus les artistes – les comédiens, aussi, préfèrent les rôles de méchants – que la loi ; mais à quoi sert une loi qui n’est pas de bon aloi ?

Du mal au mâle, il y a la légende de Leda et le Cygne : Feuchère met le feu aux poudres du désir ; les dieux ignorent la retraite !

Le député Portes n’est pas un dieu ; il a eu un carton rouge ; il a dû quitter l’hémicycle immédiatement, avec interdiction d’y revenir pendant 15 jours et la moitié de ses 2 prochains mois d’indemnités parlementaires, enlevée !

Peine sévère, la plus élevée des sanctions de l’AN ; qui n’est rien à côté de son erreur politique : errare politicum est.

Portes a remis Dussolt en selle !

Depuis le début des débats, il était terne : transfuge socialiste – proche de Benoît Hamon, qu’il lâche à cause du revenu universel, il suit Valls… Quel flair ! – qui défend les couleurs de la Macronie dès 2017, piètre orateur…

Comme si cela ne suffisait pas, depuis, un autre député Insoumis, Aurelien Saintoul, a accusé publiquement Olivier Dussopt d’être un « imposteur » et un « assassin ».

Indignation générale qui atteint les alliés de LFI.

André Chassaigne, président du groupe de la gauche démocrate et républicaine, prend la parole : « Je me sens blessé, même humilié… Le débat démocratique, c’est un échange d’idées pas un échange d’insultes ».

La partition est plus dure à jouer dans l’hémicycle que dans la rue, où il n’y a pas d’échanges avec l’adversaire – sauf la police, dont l’idée du maintien de l’ordre va parfois jusqu’au zèle –  mais une foule de gens qui, par leur présence, montrent leur colère contre tout un système qui protège plus les gens d’en haut que ceux d’en bas.

Mais, messieurs en hauts de forme, même si, depuis le temps, vous les avez ôtés, sachez que dans cette guerre sociale, vous êtes démasqués.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Les députés d’aujourd’hui semblent ignorants de l’histoire de l’Assemblée Nationale dont ils sont les héritiers. Ils ne me font pas pitié comme le disait récemment l’un d’entre eux, ils me font honte. Courrier International a publié un dossier sur le regard que portent nos voisins sur eux, et de fil en aiguille sur « le français ». Et là nous sommes désormais devenus une insulte : « espèce de français » signifie « espèce bon à rien », en gros….
    A suivre …

  2. Aucune sanctions au moment du débat sur le mariage pour tous ! pourtant c’était pire mais énoncé par des députés de droite!! On se souvient aussi que les députés avaient votés la peine de mort contre Louis XVI, aujourd’hui tout cela régale surtout les mauvais journalistes. Le président Monarque Macron devrait se méfier.

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