Picasso sera toujours un étranger

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Un Espagnol qui souhaite devenir français. On l’introduit auprès de gens influents pour que son dossier aboutisse, en 1940. A-t-il fréquenté des anarchistes à Montmartre ? Le feu de l’enfer brûle dans l’âme damnée d’un fonctionnaire  rapporteur ; Picasso ne sera jamais accueilli au paradis des naturalisés.

L’exposition Picasso l’Étranger  présentée au Palais de la porte Dorée, raconte cette histoire en peintures, dessins, documents d’archives, vidéos…

Elle a été conçue par l’historienne Annie Cohen-Solal qui signe le catalogue.

Picasso débarque avec ses amis catalans, à Paris lors de l’Exposition Universelle de 1900, où l’une de ses œuvres est présentée.

Il peint des gens qui lui ressemblent, marginaux ; des photos de bidonvilles autour du Bateau Lavoir nous montrent Montmartre avant la marée touristique…

Le marchand d’art Daniel Kahnweiler raconte, ému, la visite discrète de Picasso à sa galerie, rue Vignon ; quelques jours plus tard, il va au Bateau Lavoir et devient son marchand.

Arrivent les guerres, Picasso commence à résister avec Guernica. Kahnweiler a des ennuis, étranger lui-même.

Alors, Picasso explore les pistes du Moma, des Ballets Russes, des Surréalistes ; il fait tourner sa boule à facettes…

Et nous, où en sommes-nous de nos identités multiples ? Dans l’entretien réalisé par le journal La Croix avec le sociologue Michel Wievorka et le philosophe Olivier Abel, le philosophe dit que pour considérer les facettes de l’autre, il faut d’abord considérer ses propres facettes (1).

La générosité qui manque alors, à la France, le PCF l’a (2) : Picasso prend sa carte en 1944, et ressent le soulagement d’être accueilli par une patrie ; évidemment le PCF est content d’avoir un tel adhérent !

En 1958, Pompidou lui écrit pour lui proposer d’être naturalisé ; pas de réponse ; un peu tard peut-être ?

Picasso sera toujours un étranger, un Rebel

Picasso s’en est sorti par la gloire ! Blague à part, l’exposition est aussi l’occasion de trouver le chemin qui mène au Palais de la Porte Dorée, créé pour l’Exposition Coloniale de 1931, où le Musée National de l’Histoire de l’Immigration, actuellement en travaux, rouvrira en 2023.

(1) La série d’entretien s’intitule « Identités, en parler sans se fâcher » ; celui-ci est le dernier, il dure 50′ ; le passage sur notre identité multiple est dans la 2e partie ; 50′, c’est du temps, mais lorsqu’ils disent qu’il faut compliquer les choses au lieu de les simplifier – ce qui va à l’envers des discours simplificateurs -nous ne perdons pas notre temps à les écouter, sans compter qu’ils s’écoutent vraiment ; l’expression « sans se fâcher » a tout son sens !

(2) Et c’est encore vrai aujourd’hui, alors que le PCF a beaucoup perdu de sa force, ce qui est bien dommage !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Bravo Bruno, très juste.
    Très intéressant, vite je regarde jusqu’à quand est l’expo….13 février que j’espère pouvoir saisir. ..
    Où comment ce « peintre aujourd’hui mythique a été considéré comme un paria pendant ses quatre premières décennies en France. Stigmatisé ou ostracisé parce que étranger, engagé, artiste d’avant-garde », et vivant »sous la constante surveillance de la police !

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