Pas pale, la palissade du Grand Palais !

© BDB

Le Grand Palais a fermé en 2021, pour des raisons de sécurité, depuis qu’un rivet était tombé de la voûte sur une œuvre d’art, il y a quelques années ; il rouvrira à l’occasion des JO 2024, pour accueillir l’escrime.

Les palais, le grand, le petit en face, le pont Alexandre III, à côté, sont les 3 éléments de l’architecture colossale et durable, souhaitée par l’Exposition Universelle de 1900.

Autour du chantier du Grand Palais, une palissade d’environ 900 mètres de long est le support de la BD géante de l’artiste Nayel Zeaiter.

Elle raconte l’histoire du bâtiment ; elle est vivante, précise, souvent très drôle ; Nayel Zeaiter a un style !

Il nous présente les 4 architectes, Girault, Deglane, Louvet, Thomas, qui se partagent le chantier ; ce n’est pas une agence, mais 4 concurrents du concours d’architecture, à qui le jury propose de se répartir le boulot ; Girault est chargé de la coordination et de construire le Petit Palais. Bonne pioche !

Le problème du sol imbibé d’eau en bordure de Seine est réglé par des fondations avec 3400 pieux de chêne, enfoncés dans le sol par un « mouton ».

Le président de la République Émile Loubet inaugure le Grand Palais ; il est l’un des présidents de la IIIe République, qui comme tous les présidents avant la Ve – non élus au suffrage universel – a un rôle limité (1).

Le Grand Palais accueille le premier salon de l’automobile en 1901 ; le fameux salon d’automne avec les Fauves, en 1904.

Duchamp, vient avec Léger, et Brancusi, voir une exposition sur l’aviation, en 1912 : une aile d’avion lui donne, peut-être, l’idée du Ready Made…

1914, c’est la guerre, le Grand Palais devient un hôpital. 1918, fin de la guerre : salon de l’auto avec véhicules utilisés pendant la guerre.

Une œuvre hallucinante est montrée : La Victoire de Samothrace montée sur un char Renault FT ; elle est installée, à l’époque, à la place de l’actuelle statue de Charles de Gaulle par Jean Cardot, à la sortie du métro Champs Élysées-Clémenceau.

Le montage fait scandale : pourtant, l’idée est fulgurante, qui mêle l’admiration pour la victoire mythologique – devenu le logo de Nike – et la dureté de la guerre qui n’arrête pas son char !

1937, Exposition Internationale, création du Palais de la Découverte ; la sculpture Prométhée étrangle un vautour de Lipchitz, déclenche une énorme polémique…

Nayel Zeaiter a fait les Arts Déco ; il s’est fait connaître par des planches géantes sur l’Histoire de France.

Sa BD ouvre largement sur le contexte culturel de l’aventure du Grand Palais : galerie de portraits des différents ministres de la culture concernés par l’aventure ; naissance de la RMN, dont on connaît les expositions organisées ici-même.

Ces expositions – qui rassemblent trop d’œuvres en dehors des perles – deviennent des machines à sous où les visiteurs font la queue pour voir des dos d’autres visiteurs et des bouts d’œuvres entre… Monet is money !

L’une d’elle, Carambolages (2), proposait une révolution, le dialogue des œuvres entre elles, sans cartels ; elle fit un bide, car les expos de la RMN attirent un public qui suit les stars de l’art. Pourtant, l’idée était géniale !

Sur la palissade, le temps de parcours est annoncé plusieurs fois : de 45 mn à 1 h 30 de lecture, de regards, de découvertes, si l’on fait tout le tour ! Apportez à boire ; il n’y a pas de café dans le coin…

D’une palissade à l’autre : en 1986, les colonnes de Buren sont installées dans la cour du Palais Royal ; la palissade qui entoure le chantier, percée de quelques fenêtres pour en voir l’évolution, est couverte de graffitis injurieux ; des manifestants anti Buren s’habillent en zèbres en écho aux bandes noires et blanches de ses colonnes, comme le raconte cet article du Parisien.

La BD en noir et blanc du Grand Palais laisse par endroit apparaitre le fond en bois ; elle est animée par des gros titres, des flèches. Sans couleurs, son abord est moins spectaculaire ; mais une fois sur place, la palissade n’est pas pale !

(1) Pas si limité que ça : grâce de Dreyfus en 1899 ; loi sur la liberté d’association en 1901 ; loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. Respect ! Le Figaro crée pour lui l’expression « inaugurer les chrysanthèmes » reprise plus tard par de Gaulle

(2) Organisée en 2016, son commissaire était Jean-Hubert Martin.

 

  1. Génial, merci …le matin c’est tonique, réveille l’intelligence et fait réfléchir…merci pour ma cognition !

  2. A propos des J.O à Paris, lire : 2024 Les jeux olympiques n’ont pas eu lieu, de Marc Perelman, éditions du détour.

  3. Merci de donner de la lumièère à cette BD, qui passe inaperçue et sur ce Grand Palais dont on sait si peu. Tu donnes envie d’aller la lire.

Laisser un commentaire

  • Aucun des champs ci-dessous n’est obligatoire.
  • Ce que vous saisissez sera conservé indéfiniment.
  • Votre adresse IP est anonymisée.

Résoudre : *
52 ⁄ 26 =