Nous irons à Dresde !

Qui est cette jeune femme allongée les yeux fermés, qui se laisse aller au plaisir secret de se caresser le sexe ? La Vénus Endormie, peinte par Giorgione entre 1508 et 1510, conservée à la Gemäldegalerie Alte Meister à Dresde.

 

À l’est de l’Allemagne, pas très loin de Prague, Dresde a été bombardée en 1942 et 1945 ; 1/3 de la ville fut détruit, la Gemäldegalerie Alte Meister très endommagée ; une partie des œuvres avaient été cachée avant les bombardements.

 

Loin de Dresde, confinés, nous devons nous laver les mains en toutes occasions, éviter les embrassades, alors que La Vénus Endormie nous invite à la rejoindre de sa main nonchalante, une vision de rêve…

 

Dans Vertige de l’amour, Bashung chante : « J’ai crevé l’oreiller, j’ai dû rêver trop fort » ; sur son gros oreiller rouge, La Vénus Endormie crève l’écran !

 

Récemment, sur Arte, Brigitte Bardot a enchanté notre soirée dans le film de Clouzot, La vérité ; ses fesses ondulaient sous les draps. La Vénus Endormie est sur ses draps, elle se repose, les yeux clos, confiante, elle sait que nous allons venir… Comment résister à son appel ?

 

Ce style de tableau était offert aux jeunes mariés, pour aiguiser leur appétit sexuel – la soirée, la sieste, s’annoncent bien !

 

D’après l’historien d’art André Chastel (1912-1990) qui lui consacre un petit livre brillant, Giorgione, l’insaisissable (2), l’artiste est un personnage central de la « dolce vita » vénitienne du début du XVIe siècle, évoluant au milieu d’une jeunesse dorée qui lui inspire sa peinture… et le tue : sa maîtresse atteinte de la peste, l’infecte ; il meurt en 1510, à 32 ans.

 

La Vénus Endormie n’était pas achevée à sa mort ; c’est son jeune élève, futur peintre célèbre, Tiziano Vecellio, autrement dit Le Titien, qui s’en charge.

 

Météorite de l’histoire de l’art, Giorgione a laissé la trace d’une peinture sensuelle, pas seulement avec La Venus Endormie ; la présence de La Vieille, son regard, sa bouche, nous fascinent (3).

 

Nous irons à Dresde ! La Gemäldegalerie Alte Meister est l’un des musées les plus importants d’Europe. Sa collection créée par les Grands Électeurs de Saxe, la série des 3 Auguste, était l’une des plus réputée du Grand Tour (4) des voyageurs au XVIIIe siècle ; avant l’ouverture du Louvre.

 

La Vénus endormie est très entourée : La Madone Sixtine de Raphaël, Le Paiement du Tribut de Titien, L’adoration des bergers de Corrège, et le tout petit Triptyque de Dresde de Jan Van Eyck, lui tiennent compagnie (5)…

 

(1) Le site du musée est en plusieurs langues, mais les images de la version allemande font plus envie que la version française, archi classique ! https://www.skd.museum/

 

(2) Giorgione, l’insaisissable, par André Chastel, Editeur Liana Levi, 2008

 

(3) Lien pour voir La Vieille : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Vieille_(Giorgione)#/media/Fichier:Giorgione_-_La_Vecchia.jpg

 

(4) Au XVIIe et surtout au XVIIIe siècle, les jeunes aristocrates ou très grands bourgeois faisaient un Grand Tour en Europe, pour parfaire leur éducation artistique, se faire ou entretenir des relations d’un futur business… Ce Grand Tour durait 5 ans ; aujourd’hui, les jeunes diplômés d’H.E.C, E.S.S.E.C, ou même Polytechnique, ont des réseaux internationaux d ‘une autre ampleur, mais ils ne partent pas si longtemps, ou alors pour travailler !

 

(5) Liens pour voir ces œuvres :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gem%C3%A4ldegalerie_Alte_Meister#/media/Fichier:Raffael_051.jpg

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gem%C3%A4ldegalerie_Alte_Meister#/media/Fichier:Tizian_014.jpg

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gem%C3%A4ldegalerie_Alte_Meister#/media/Fichier:Correggio_Die_Heilige_Nacht_1522-1530.jpg

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gem%C3%A4ldegalerie_Alte_Meister#/media/Fichier:Van_Eyck_Dresdner_Marienaltar_1437.jpg

 

 

 

 

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