L’Odéon occupé : de quoi s’occupe le Louvre ?

© Gérard Blot, Jean Schormans

Pendant que le nombre de théâtres occupés monte en flèche, plus de 70 (1), un non-événement se prépare en silence au Louvre : le troisième mandat du président actuel, Jean-Luc Martinez.

Un article (2) de Médiapart nous en dit long sur sa faible capacité à résister aux conflits d’intérêts ; son envie forte de mettre en avant la dimension royale du Louvre.

Jean-Luc Martinez a rebaptisé la salle des Caryatides « Salle de réception des rois de France ». Rez-de-chaussée du premier bâtiment de ce qui est devenu la Cour Carrée, construite dans le style Renaissance « pour fermer la porte au nez des années mortes » (3) du Moyen-Age.

Dans cette salle eurent lieux : le mariage d’Henri IV et la première pièce de Molière, côté fun ; un épisode du massacre de la Saint-Barthélémy et la veillée mortuaire d’Henri IV, côté des(fun)ts !

Quand ils dansaient, les invités se réchauffaient ; quand les catholiques tuaient, ils s’excitaient… Le reste du temps on les imagine près de la cheminée dominée par le « H » de Henri II, fils de François 1er.

L’Hermaphrodite Endormi se fiche du feu, son marbre brûle de désir, allongé à quelques mètres sur le matelas du Bernin au XVIIe siècle ; à l’origine, l’œuvre qui bande est une copie romaine d’antiquité grecque.

De tels ébats n’auraient pas fait rougir Henri II et sa maîtresse Diane de Poitiers, ni Henri III son fils, même s’il ne faut pas le réduire à ses mignons, ni Henri IV son successeur, le fameux Vert-Galant, ni son petit fils, Louis XIV et ses maîtresses, y compris Madame de Maintenon, qui, avant de finir dévote, fut initiée aux plaisirs par Ninon de Lenclos, grande amie de Philippe d’Orléans ; ce dernier inspira avec son « fidèle » abbé Dubois, à Bertrand Tavernier le film Que la fête commence !

Jean-Luc Martinez s’endort-il en pensant à ça ?

À l’autre bout de la salle, la chaleur sensuelle des quatre caryatides nous enveloppe. Sculptées en marbre au XVIe siècle par Jean Goujon, elles semblent sortir de la douche en nuisette, tout en supportant la galerie.

Les « drapés mouillés » de Jean Goujon sont inspirés par l’art grec ; à mi-chemin entre le style archaïque, pour le rythme des plissés, et le style hellénistique pour le mouvement ; les grandes sœurs de ses caryatides sont celles de l’Erechtéion à Athènes ; elles dansaient pour Artémis (4).

Quand les caryatides du Louvre dansent, dans la galerie au-dessus, les musiciens tanguent… Un tango ?

Roi ou reine d’un jour qui l’ouvre au Louvre, l’œil.

(1) J’ai occupé l’Odéon 48 h ! J’ai respiré l’air vivifiant de la révolution et compris que l’urgence n’est pas de rouvrir les lieux de culture mais de cultiver toutes les formes de luttes contre la précarité !

(2) Il faut payer 1 € pour le lire ; ça vaut le coup !

(3) D’après Le déserteur de Boris Vian ; toute sa chanson fait réfléchir : aller sur quels chemins ? à qui ne pas faire la guerre ?

(4) Selon une autre version, elles étaient esclaves…

  1. Bravo Bruno ! Cosi mi piaci !

    Cultiver toutes les formes de lutte contre les précarités, notamment celles qui conduisent l’humanité toute entière dans les abîmes de l’égoïsme, de la bêtise, de l’ignorance et de la mort ! Vive l’espoir, vive la révolution notamment culturelle !

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