Les glaces déformantes de la Samaritaine

« On trouve tout à la Samaritaine » fut longtemps le slogan mythique de ce grand magasin créé par Ernest Cognacq en 1870. Sur sa décoration fleurie qui vient d’être rafraichie, le long des rues de la Monnaie et de l’Arbre-Sec, reliant le quai du Louvre à la rue de Rivoli, on peut lire sur autant de panneaux, tout ce qui s’y vendait (1).

Mais la Samar’ étonne le piéton rue de Rivoli, depuis quelques mois : une longue paroi ondulée en verre, réfléchit, telle une glace déformante de fête foraine, les immeubles d’en face, entre la rue du Roule et la rue et de l’Arbre-Sec.

Comment choisir parmi les adjectifs pour décrire la sensation : sublime, génial, rigolo, poétique, inventif, ambitieux, insolite, insolent ?

Le bon goût parisien et ses rues ou avenues aux façades alignées, est secoué !

Amateurs de défis architecturaux, ce chantier mené par l’agence SANAA, est très technique, mais miracle, la vidéo de 9 minutes est bien conçue, claire ; d’ailleurs la transparence est une grande partie du sujet.

L’une des difficultés à résoudre avec la triple peau de verre installée, a été de supprimer le « moirage » qui allait provoquer la sensation désagréable de tanguer, aux employés de Guerlain qui vont travailler à l’intérieur ; ils auront peut-être l’occasion, leur clientèle et eux, de vivre d’autres vertiges avec leurs amours de parfums…

La Samaritaine avait une terrasse au panorama enchanteur ; elle invite aujourd’hui le flâneur (2) à regarder l’une de ses façades pour découvrir où l’emmène son imagination : dans ce genre d’expérience, il y a autant de visions que de piétons…

(1) Voici une liste volontairement incomplète des panneaux sur les façades de la rue de l’Arbre-Sec et de la rue de la Monnaie, avec un mélange de singulier et de pluriel outre quelques termes d’un autre âge : JOUETS, MÉNAGE, CRISTAUX, COUTIL, GLACES, FLANELLE, MUSIQUE, PAPETERIE, PÊCHE, SIÈGES, CHAISES, FOURRURE, AMAZONE, UNIFORME…

(2) Balzac créa le flâneur habitué des passages couverts ; l’idée est la même, mais c’est une joie de trottoir.

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