Le divertissement absolu

« Qu’allait-il faire dans cette galère ? », le rolling gag des Fourberies de Scapin est connu. Molière est le « roi » du divertissement, quand il n’est pas Jean-Baptiste Poquelin, valet tapissier du roi ; à ce titre, il fait partie du cercle des nobles qui assistent au lever du roi ; l’après-midi, Molière s’inspire de ce qu’il a vu le matin, pour divertir le roi, son cadet de 16 ans qui le considère comme son « grand frère ».

Au XXIe, posons-nous la question : qu’allait faire Edwy Plenel le samedi 5 février, dans la galère « On est en direct » une émission de divertissement animée par Laurent Ruquier et Léa Salamé, dans laquelle il devient le dindon de la farce ?

Car Edwy Plenel, qui anime Mediapart, n’a rien à faire chez Ruquier, partisan d’un divertissement léger dans toutes les émissions qu’il anime ; léger, mais ce fameux soir sur France 2, Gérard Darmon n’est pas léger quand il nous signale le       « tremblement quand il parle » d’Edwy Plenel, sans que Ruquier ne réagisse…

Quelle mouche pique Darmon ? L’article de Daniel Schneidermann dans Libération est éclairant.

En conclusion, Schneiderman évoque le film Don’t Look Up où les animateurs de l’émission télé qui reçoivent deux astrophysiciens leur demandent d’être drôles ; l’émission doit divertir !

Dans Amphitrion, Molière, « roi » du divertissement, se moque du marquis de Montespan (qui vient au théâtre pour la première fois de sa vie) ; il est le mari de Madame de Montespan, la nouvelle maitresse de Louis XIV ; elle est avec le roi dans sa loge.

Molière se moque de Montespan debout dans la salle ; les spectateurs poussent le marquis sous le lustre, la pire des places, où la cire des bougies goutte ; au balcon, certaines courtisanes se soulagent dans leurs mains et lui jettent leurs déjections sur les épaules !

Il est profondément malheureux que Louis XIV le fasse cocu.

Au XVIIe siècle, dans la haute société dont il fait partie, personne n’aime personne d’amour, tout le monde cherche à se divertir, lui aussi avec sa femme, mais il l’aime ; le roi aussi…

Le marquis Montespan souffre beaucoup, le livre de Jean Teulé, Le Montespan, nous raconte son épopée.

Plenel ne souffre pas autant, c’est nous qui souffrons de le voir maltraité sur son physique, son boulot… Ruquier ne considère pas l’attaque sur le physique passible d’un carton jaune ; il écoute, amusé, Darmon se payer Plenel.

Plenel sait se défendre. Il dit que Mediapart propose des sujets toujours utiles au débat public, sans se douter que ce qu’il vit dans cette émission est un sujet en soi : le divertissement absolu.

Molière conseille au cocu de s’écraser à la fin d’Amphitrion, il est au service du roi (1) ; un larbin comme l’écrit Jean Teulé ; et Ruquier, que préserve-t-il avec sa priorité au divertissement ? En tout cas, les prochains invités sont prévenus : il en faut plus pour qu’il intervienne !

(1) « Tout cela va le mieux du monde / Mais enfin coupons court aux discours / Et que chacun chez soi doucement se retire / Sur telles affaires, toujours / Le Meilleur est de ne rien dire »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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