Le baromètre de la Bourse du Commerce

©BDB

À la Bourse du Commerce, où François Pinault montre une partie de sa collection d’art contemporain, passé l’entrée, dans un vestibule, une pendule et un baromètre nous posent deux questions sur la suite : l’art est-il éternel ou fonction du temps qui passe ? Nous met-il la pression par sa puissance ?

Dans la rotonde, le geste architectural de Tadao Ando est élégant, juste, discret ; l’une des raisons principales de venir.

Au milieu de la rotonde, une copie en cire de L’enlèvement des Sabines de Giambologna, 1575-1580, par l’artiste suisse, Urs Fischer, né en 1973, fait sensation avec un artifice, des bougies : l’œuvre est en train de fondre !

Autour d’elle, 7 sièges en cire aussi, fondent de même, certains inspirés par la peinture marouflée autour de la coupole. Datée de 1889, elle montre les pays avec lesquels la France faisait des échanges commerciaux.

Siège africain, sièges d’avion, siège de bureau sur roulettes, siège en plastique au pied du socle ; Urs Fischer se voit en néo-dada…

Sa « provoc » ouvre sur autre chose : l’œuvre fondant, ceux qui la voient telle semaine, prennent des photos, pourront les comparer avec celles de leurs amis, prises deux ou trois semaines plus tard. C’est interactif !

Une souris passe la tête par un trou dans le bas de la cloison près de l’ascenseur ; c’est une installation de Ryan Gander, artiste conceptuel britannique, né en 1976.

En la regardant une femme dit à ses amis : « Avant, j’avais peur des souris, mais maintenant c’est fini, ça ne me fait plus rien » ; la pression n’est pas haute !

Un passage fait le tour de la rotonde : 24 vitrines, installées pour l’Exposition Universelle de 1889, donnent l’occasion à Bertrand Lavier, né en 1949, de revisiter son œuvre : nounours, skateboard sur socle, coupe-haie Bosch, aile de bagnole Picasso, vitre badigeonnée au blanc de Meudon…

Cet exercice d’auto-satisfaction fait dire à un vieil homme charmant : « C’est court ! ». Toujours pas de pression !

Galerie 2, au rez-de-chaussée, la pression monte enfin avec David Hammons, artiste afro-américain : drapeau des USA lacéré, panneau de basket transformé en lustre, totem rock fait de capsules de bière et débris de vinyles, etc…

David Hammons est né en 1943 dans l’Illinois ; le dadaïsme l’inspire – on voit la différence avec Urs Fischer ; il récupère ses matériaux dans la rue, jusqu’à des clopes.

Pinault ne le découvre pas aujourd’hui ; ceci nous montre la diversité de sa collection, et son désir de toucher des publics très différents.

Le public veut-il en savoir plus ? Il y a des médiateurs. Panique-t-il ? La sécurité a son personnel dédié.

À propos, l’artiste Tatiana Trouvé, née en 1968 à Cosenza, s’inspire du quotidien des gardiens dans plusieurs endroits de la Bourse du Commerce : chaise, coussin, livre, chaussures, sac à main, sont les éléments de ses installations ; la pression est toujours haute dans cet éloge de ceux « qu’on croise et qu’on ne regarde pas », les  cousins du héros de la chanson Le poinçonneur des Lilas de Gainsbourg.

Il y a 3 étages : au 2eme, des peintures en petits formats de Marlene Dumas, artiste née en 1953 au Cap, montrent des têtes de morts.

Devant, une femme dit : « Je ne sais pas ce qu’elle avait dans la tête quand elle a peint ça ».

L’artiste n’est pas là pour répondre. Elle a fait son œuvre ; à nous d’y laisser vivre notre regard s’il veut affronter la tempête qui affole le baromètre…

 

 

 

 

 

 

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