La taille de la table

Un dîner cool entre amis. Mais en ce moment, comment être cool avec la crainte de ne pas respecter les distances de sécurité ? L’un de nous sait que la taille de la table est variable et demande s’il est possible de l’agrandir au maximum, comme s’ils étaient 16 (6 – 2 – 6 – 2), alors qu’ils sont 7 ?

 

On déplie la table en 4 avec un système savant de pieds rajoutés : on passe de 0,76 x 1, 40 à 1,52 x 2,80 ; à peu près les dimensions d’une table de ping-pong : 1,52 x 2,74.

 

On s’installe, 1 à chaque bout, 3 d’un côté, 2 de l’autre ; on met le sel et le poivre sur roulettes (1), les verres se remplissent, les assiettes aussi, on dîne !

 

Le miracle se produit : l’espace entre nous ainsi qu’au milieu de la table, loin de provoquer une gêne, permet aux rires de fuser, aux regards de balayer ; la soirée est joyeuse.

 

Joyeux, le Congrès de Vienne le fut, chez le génie de la diplomatie, Charles Maurice prince de Talleyrand-Périgord, qui fit venir des cuisiniers de France.

 

Talleyrand, avant l’Empire et la Révolution, avait joui de l’Ancien Régime ; sa phrase est restée célèbre : « Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1780 n’a pas connu le plaisir de vivre ».

 

Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : n’évacuons pas le plaisir vanté par cet esthète, même s’il vient de temps révolus.

 

Découvrons qu’à l’inverse des Banquets Républicains (2) où les grandes tables accueillaient le plus de convives possible – mais on n’était en contact qu’avec ses deux voisins, voisines – peu de convives autour d’une grande table offre à chacun la vue de tous les autres : l’énergie festive circule sans entraves…

 

Les distances obligent à porter la voix, qui va et vient, comme des échanges au ping-pong ; c’est une « party » où tout le monde gagne !

 

(1) Blague à part, la salière à roulette a existé ; le lien annonce que c’est de l’histoire ancienne : https://mycrazystuff.com/archives-produits-epuises/2475-saliere-a-roulettes.html

 

(2) Nés avec la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790, les Banquets Républicains cultivent l’égalité entre les participants ; on porte des toast à la République. Il y a des campagnes de banquets sous la Restauration et sous la Monarchie de Juillet, dont le fameux Banquet du Château-Rouge, qui a lieu au Bal du même nom, en juillet 1847, et amorce le mouvement vers la Seconde République, en 1848.

 

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