La guerre…

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« S’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi à regarder des gens tant qu’y en a » chante Renaud dans Mistral Gagnant. Faire le contraire, regarder les dossiers des bancs pour y lire de la poésie, c’est nouveau dans les Jardins du Palais Royal.

La guerre…

Depuis 2018, pas si ancien que ça, avec la parenthèse du COVID ; la poésie, c’est intemporel : un temps pour elle, avec lui ; blague à part, elle, Colette, habitait là, et lui, Cocteau, aussi ; de là est venue l’idée du Jardin des belles lettres au collectif « Poésie is not dead » et au Centre des Monuments Nationaux.

Colette s’emballe : « Nous ne regardons jamais assez, jamais assez juste, jamais assez passionnément. »

Elle aurait dû lire le journal d’Egon Schiele : « J’appréhendais tout avec amour, je voulais regarder gentiment les gens en colère. »

La guerre…

Regarder, c’est essentiel ; regarder les gens, c’est impossible si notre regard n’est pas le plus gentil possible, sinon, il risque de ne pas durer longtemps… Gentil comment ? Celui, celle, que nous regardons nous le diront !

La passion, Colette l’écrit dans Chéri, où une cocotte se laisse dévorer par son amour sans issue pour un nettement plus jeune et pas gentil avec elle ; décidément !

Les bancs sont d’autant plus intéressants qu’on ne reste pas sur le sable. Changeons de dossier avec ce vers de Colette :

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« Donner c’est donner, reprendre c’est voler », mais alors que garder ? La liberté ; dans la joie tant qu’à faire !

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La guerre…

Des bêtises, Emily, jeune américaine débarquée de Chicago, héroïne de la série Emily in Paris, sur Netflix, les accumule, selon ses collègues de Savoir, agence de marketing de luxe installée place de Valois, à côté du jardin du Palais Royal.

Emily rencontre Mendy, jeune chinoise de Shanghai, qui va devenir son amie, sur ce banc avec un vers de Cocteau auxquels elles ne prêtent aucune attention ; Emily est débutante dans notre langue…

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À partir de clichés français et américains, finement observés, la série confronte l’esprit américain plein d’empathie, d’ouverture, sur les clients de « demain », au besoin de distinction du luxe français, survivance de l’Ancien Régime d’« hier », dans un « aujourd’hui » où la noce décoiffe !

Il y a du Colette chez Emily : « Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne » ; elle saisit dans les briefs, moments creux, toujours et partout, de quoi faire le miel de son marketing, son « écriture ».

Les bancs du jardin du Palais Royal ; le Palais Royal, creuset du divertissement révolutionnaire animé de tant de pamphlets écrits ici-même ; la Révolution a mis fin à l’Ancien Régime… Mais d’où vient ce bruit qui bourdonne autour de nous ?

La guerre en Ukraine, pas si loin du jardin du Palais Royal.

Elle tue, ravage d’inquiétude, pousse un homme à dire à la télé : « Je reste avec ma femme, quitte à mourir ».

La télé, la radio, nous donne des infos ; nous les ressentons, exprimons notre émotion, à moins qu’elle ne soit indicible, que « la guerre ne réveille trop de fantasmes » m’a confié un voisin ; ses parents étaient juifs polonais.

Mon amie Cennifan me rappelle qu’en 1944 sa grand-mère l’installait entre le matelas et le sommier pour ne pas qu’elle entende le bruit des bombes.

Hier, jeudi 3 mars, dans le journal, Lev Dodine, metteur en scène, directeur du Théâtre Maly, le plus grand théâtre de Saint-Pétersbourg, a écrit une lettre ouverte à Poutine :

La guerre…

 

  1. Je découvre ce texte de Prévert. Que c’est beau. Que c’est vrai. Que c’est juste.
    Merci Bruno

  2. Merci Bruno pour ces photos des bancs du Palais Royal, et leur poésie qui nous permet de nous évader, ça fait du bien … Il y en a aussi dans le métro parisien, (ou il y en avait), et ces lectures nous rappellent que nous sommes des êtres humains.

    Je ne saisis pas très bien le sens de celui qui dit « mes parents étaient juifs polonais » : pourquoi dit-il cela ? Il n’est plus juif polonais parce qu’il a une carte d’identité française ? A réfléchir..

    Le message de Lev Dodine me procure un sentiment bizarre : peut-on supplier Poutine ? Staline ? Hitler ?

    Pour ma part je ne salue pas l’hypocrisie qui fait dire à nos dirigeants que nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, tout en fournissant des armes à l’Ukraine pour se battre contre …la Russie. Ca ne m’amuse pas. Nos avions devraient être dans le ciel Ukrainien, nos chars au sol, notre armée au front.
    Cette hypocrise ressemble beaucoup trop à la « neutralité » Suisse pendant la seconde guerre mondiale. Fermons les yeux et bouchons nous les oreilles : nous livrons des armes, et nous allons nous réunir le 10 mars à Versailles. C’est déjà pas mal….Dormons tranquilles.

  3. Je te réponds Alexandre : on ne supplie pas un dictateur.
    On ne lui envoie pas non plus nos avions, nos chars, nos soldats se faire tuer.
    On ne se réunit pas non plus le 10 mars sous les ors de la République en laissant l’Ukraine se battre pendant 8 jours pour réfléchir.
    On envoie discretos quelques barbouzes bien entraînés couper les têtes de l’hydre ni vu, ni connu.
    Voilà mon rêve peu poétique.

  4. Je pense pour la part que la portée va au de la de Poutine lui meme il porte l’
    ame des russes, le sentiment du peuple russe, il donne a voir et cela compte aussi .
    Dissuader…. c’est etre présent avant et se montrer…et arrêter de dire qu’on ne fera rien
    . Je partage assez le ni vu et ni connu, surtout pour eviter un embrasement plus global
    Je m’éloigne. ..
    Merci bruno de cette chronique

  5. écrit trop vite … il manque des mots :
    Je pense pour ma part que la portée de l’appel de LEV DODINE va au delà de Poutine lui même il porte l’
    âme des russes…/…
    Le ni vu ni connu bien sur n’est pas si simple, je ne peux que le regretter qd même face à un extrémiste fou seul aux manettes

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