Il n’a pas le bac

Quel point commun y a-t-il entre la tombe du soldat inconnu à l’Arc de Triomphe, le changement d’heure, et la Cité Internationale Universitaire ? André Honnorat (1868 – 1950) est à l’origine des trois.

Le changement d’heure vient d’un souci d’économie d’énergie en 1914 pour participer à l’effort de guerre ; à méditer aujourd’hui…

Associant l’hygiène – Honnorat avait fait protéger les soldats contre la Tuberculose – la crise du logement, après la guerre, et la paix, à entretenir, il se lance en 1919, devenu Ministre de l’Instruction Publique, avec le Recteur de Paris, Paul Appell, son ami, dans l’aventure de la « Cité U ».

Honnorat s’honore d’une belle pensée : « Un des desseins essentiels de la Cité est de faire entrer en relation quelques- unes des intelligences qui sont l’espoir de demain et de les amener ainsi à s’apercevoir que les hommes, malgré la diversité de leurs origines et des traditions qui les ont formés, ne sont pas si différents les uns des autres qu’ils l’imaginent ».

Logés dans des « maisons » signées par des architectes réputés, plus de 6500 étudiants, ou artistes, profitent des 34 ha du parc – le 2eme plus grand de Paris, sur l’ancien emplacement des fortifications de Thiers, détruites au début du XXe siècle.

Pourquoi y a-t-il plus de monde au parc Montsouris, de l’autre côté du tramway, que dans celui de la « Cité U » ?    Les gens n’osent-ils pas venir, s’ils ne sont pas étudiants ?

Un endroit pensé, entre autres, pour échanger sur la paix, peu accessible… Ça fait frémir ! Mais le parc est très accessible, il suffit d’y aller depuis la station de tramway Cité Universitaire.

Annie Ernaux vient de recevoir le prix Nobel de Littérature, alors, la question reste ouverte : chacun a-t-il sa « Place » dans ce parc ?

Au-dessus de l’entrée : « Cité Internationale Universitaire » est écrit avec quelques caractères de différents alphabets ; clin d’œil international.

Promenons-nous, autour du parc, de maisons en maisons ; avec un plan, c’est plus simple !

Envie de boire un verre ? Une fois traversé le bâtiment central, il y a un container ouvert devant la pelouse et le café sur la terrasse à gauche ; l’ambiance boisée est très chaleureuse !

Le premier ensemble est construit, en 1925, financé par la Fondation Deutsch de la Meurthe, propriétaire des pétroles Jupiter (devenu Shell en 1948) ; il est ami avec Paul Appell.

Le Corbusier crée deux bâtiments, celui de la Suisse, logique, mais plus remarquable, celui du Brésil ; il devait seulement réaliser l’immeuble d’après les plans de Lucio Costa, urbaniste brésilien réputé.

Mais il a fait du Corbusier !

Merveille d’épure, avec ses longues fenêtres bandeaux, la maison du Mexique, dessinée par les architectes Jorge et Roberto Medellin, financée par le gouvernement mexicain, est inaugurée en 1953.

La nouvelle Maison de la Tunisie, inaugurée en 2020, est remarquable par son parement en calligraphie arabe.

La façade de la nouvelle Maison de la Tunisie : le Pavillon Habib Bourguiba

Le Collège néerlandais, construit entre 1929 et 1938, par l’architecte Willem Marinus Dukok, évoque l’hôtel de ville de Cachan, œuvre de Jean-Baptiste Mathon, inauguré en 1935 ; lequel inspire l’autre ? Les grands esprits de l’art déco se rencontrent…

Surprise dans cette aventure : André Honnorat, fondateur de la Cité Internationale Universitaire, réservée aux étudiants en Master, n’a pas le bac !

Tandis que les étudiants échangent entre eux, les guerres continuent…

  1. merci pour cet article bien intéressant ! Comme quoi le bac n’est pas nécessaire pour avoir de grandes idées 🙂

  2. Il y a quelques année le groupe Moriarty a fait une tournée internationale à la cité! Un soir en Suisse, un soir au Brésil, un autre soir dans une autre maison…
    Nous les avions vu à la maison du brésil, un bon moment!

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