Eugène Leroy, la peinture à pleins tubes !

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« Au fond je ne fais pas de toiles je fais de la peinture » dit Eugène Leroy, peintre né à Tourcoing en 1910 et mort à Wasquehal en 2000.

L’exposition actuelle Eugène Leroy peindre au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris n’attire pas les foules ; c’est de la peinture, pas des toiles célèbres !

Peindre, le titre discret dit l’essentiel de son art !

Eugène Leroy considère son travail comme un ensemble, chaque peinture résulte d’un processus où les couches se superposent ; le sujet disparaît tandis que son œuvre même devient le sujet ; n’est-ce pas l’une des définitions de l’art moderne, lorsque l’acte de peindre devient le sujet en soi ?

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La peinture de Leroy, allons la voir, la revoir, la recevoir… Cette pâte qui s’épaissit sur la toile ; d’abord légèrement figurative, avec un pinceau qui révèle l’essentiel du visage de Valentine.

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Leroy s’inspire de la Bible ; cette parabole des aveugles nous plongent dans sa manière, et paradoxe, nous voyons…

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Il revisite la Ronde de Nuit de Rembrandt ; son rythme, son langage pictural, apparaissent….

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Arrive la surprise du chef, ses autoportraits, un genre où ses tableaux excellent ! L’autoportrait qui disparaît sous plusieurs couches de peinture nous rappelle que nous sommes fait de plusieurs couches, facettes… Notre autoportrait serait-il « lisible » aux yeux des autres ?

Un « invité surprise » n’est pas dans l’exposition. Cet autoportrait de Tal Coat,1982, montre à quel point sa peinture le représente, comme s’il disait « mon œuvre c’est moi, je suis dans mon pinceau » ; l’esprit d’Eugène Leroy est proche.

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Un arbre dans la neige semble exploser, les branches partent comme des fusées…

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Et Dieu dans tout ça ? Au-dessus des lambeaux de crucifié, on dirait le ciel du tableau de Greco au Louvre ; l’espace s’ouvre…

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Vive la marine ! Ciels marins, gris, roses, bleus pâles, verts…

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Vers la fin de l’exposition, la thématique est Apogée ; en astronomie, c’est le point où un astre est le plus éloigné de la terre, à l’opposé du périgée ; Eugène Leroy prend le risque de s’éloigner de nous en s’enfonçant dans sa peinture… Mais qui s’éloigne : lui de nous ou nous de lui ?

Kasimir Malévitch, peintre, critique d’art, dit à propos de la série des cathédrales de Monet : « La peinture pousse sur la toile » ; la peinture d’Eugène Leroy jaillit à pleins tubes !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Nous avons vraiment beaucoup à apprendre ! Nous voyons bien ici que nous avons à apprendre à voir, mais nous aurions aussi besoin d’apprendre à entendre, d’apprendre à sentir et à toucher (caresser par exemple…), bref à utiliser les possibilités infinies de nos sens… On dit bien parfois qu’on « ne voit rien » comme ici sur le tableau de la mer…

    Olivier Pourriol qui a écrit un livre pour voir et entendre les philosophies qui se cachent derrière les films comme Mad Max ou La guerre des étoiles…(Cinéphilo), a aussi écrit le roman d’un dialogue entre un peintre en fin de vie et son chirurgien. Tous les deux dialoguent de leur rapport à… « la couleur » dans leurs métiers respectifs : « Le peintre et le couteau » … (Pour le chirurgien c’est bien sûr le bistouri !!!)

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