Et soudain tout bascule

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À moins d’être militant, on va rarement au siège d’un parti politique, mais celui du PC à Colonel Fabien est un lieu mythique, tout en courbes, dessiné par l’architecte Oscar Niemeyer     « contre l’angle droit et le capitalisme », dont la coupole a des airs de navette spatiale.

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Dans l’espace Niemeyer, au siège du PC, place du Colonel Fabien, jusqu’au 29 janvier, se tient l’exposition :

Exposition Libres comme l’Art

L’un des tableaux s’appelle L’ouvrier mort (illustration) peint par Pignon. Une manifestation, la police à cheval charge, un ouvrier reste sur le carreau. La peinture m’attire par ses couleurs chaudes ; devant toutes ces têtes anonymes penchées sur le corps de cet anonyme, je pense à L’enterrement à Ornans de Courbet, peinture révolutionnaire, visible au musée d’Orsay.

Un couple de personnes âgées s’approche du tableau ; ils n’arrivent pas à lire le cartel, écrit en petites lettres ; je leur dis qu’il date de 1936, et soudain tout bascule :

« Nous sommes nés en 1936, ma femme et moi, elle en avril, moi en septembre ; dans notre famille, seulement 12 personnes sont mortes en déportation. »

Je suis KO debout ; il me raconte la mort de sa mère ; sa femme se plaint de son mal de dos, il me dit qu’elle a tout le temps mal au dos ; il me parle de son père, mort à Auschwitz, en se jetant sur les barbelés.

Un survivant lui a dit : une fois qu’il a appris à quoi servaient les Sonderkommandos, comme il était juif et costaud, son père ne voulait pas finir comme ça.

Sa femme a de plus en plus mal au dos ; sans doute en a-t-elle marre qu’il raconte leur histoire ; mais il a envie et moi je l’écoute ; on trouve un fauteuil ; une dame leur dit de remettre leurs masques correctement ; elle n’insiste pas ; sa femme veut qu’il se taise ; ils sont fatigués ; moi aussi.

Je m’en vais avec en tête des tableaux que j’avais vus avant de tomber sur eux : Oradour (la douleur), 1944, de Masson, leur parlerait forcément…

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Ce détail de Massacre de Tal Coat, 1936 ; les visages effarés avec le poing dans la bouche devant ce qui les attend ; ils ont dû avoir peur, mômes…

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Juste à l’entrée, la sculpture Sortir du piège, de Monfleur, est un hurlement de douleur dans la pierre qui justifie la résistance, la lutte ; l’ADN du PC.

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  1. Oui Niemeyer fantastique!
    avant d’aller faire un tour à Brasilia, tu peux toujours – si ce n’est déjà fait – aller faire un tour au Havre et plonger dans le cratère du Volcan – salle de spectacle et somptueuse bibliothèque – du même Niemeyer…
    Et si la route est trop longue coupe la en deux et fais donc une halte à Ynrevig, et Unam, l’hôte mystère t’y gratifiera peut-être d’un confit de canard arrosé de Calva… (ou de Cahors mais c’est plus banal)…

  2. merci pour cette bonne idée, nous y sommes allés samedi et malgré l’affluence n’avons pas regretté l’attente avant d’entrer. Un bonheur chaque semaine votre chronique,

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