Do not disturb

©Jérémie Villet

À l’hôtel on installe « Do not disturb » sur la poignée de porte de sa chambre, quand on ne veut pas être dérangé, pour dormir tranquille, ou se laisser partir dans l’intranquille, la puissance de la jouissance ou la rêverie d’ailleurs enneigés…

Loin de l’hôtel, dans la neige, Jérémie Villet jouit lentement de la pureté de son geste, lui qui depuis longtemps, seul, se fait oublier de la faune  et dit « Dans la nature, même quand on est seul, on est déjà trop ».

Il a passé sa jeunesse dans les Yvelines avec ses parents agriculteurs ; entre frères, ils guettaient le brame des cerfs… Plus tard il a eu l’idée de partir en traineau et de retourner souvent dans la neige.

Il la voit comme une feuille Canson ; ses photos sont des apparitions noir, minuscules, un bec, des cornes dans un espace blanc ; parfois des ailes déployées…

August Friedrich Schenck a peint une scène d’angoisse animalière dans la neige, avec une brebis son agneau mort et des corbeaux (1), comme dans Les oiseaux de Hitchcock ; Jérémie Villet ne montre pas l’angoisse, juste la vie animalière sur la neige.

En début d’année 2021, pleine d’impossibles, il nous montre que s’évader est possible, dans le silence ; qu’une fois débarrassé de notre envie de rentrer à cause des pieds trempés ou qui commencent à geler, la récompense est au-delà de ce qu’on pense…

« Je suis un simple témoin » a-t-il dit a dit en 2018, en recevant le prix « Rising Star » de la photo animalière décerné au Musée d’Histoire naturelle de Londres.

Un témoin qui offre ce qu’il a vu, sans retouche ; il ne critique pas ceux qui retouchent, mais son style est dans cette pureté.

Il a été invité au journal de 20 h sur France 2 fin décembre 2020 ; quand vous cliquez vous tombez sur Laurent Delahousse ; cliquez à nouveau pour être dans la neige !

Son livre Première neige, paru à l’automne 2020, est publié aux Éditions le Chêne (2).

Prix, édition, JT ! Pourtant, il n’a pas la grosse tête ; la seule grosse chose qu’il possède est son appareil photo de 10 kg (3), équipé d’un téléobjectif, pour laisser une trace de ses regards pleins d’égards, qui évitent à la faune de s’enfuir faute de pouvoir dire « Do not disturb » ; ils restent tranquilles : Jérémie est le Mowgli des neiges…

(1) Lien pour voir la peinture

(2) Son livre est auto édité ; d’après un libraire connaisseur, cela peut vouloir dire qu’il n’était pas satisfait des conditions du Chêne, donc de Hachette, mais cela ne veut en aucun cas dire que l’éditeur n’avait pas les moyens ; Hachette, quand même !

(3) Lien pour lire l’article du National Géographic et en savoir plus sur les Canon qu’il utilise ; il est le 5eme et dernier photographe présenté par l’article.

 

 

 

  1. Merci Bruno!
    Ça donne envie de découvrir ! Bacioni = grossi baci = baci est accessoirement une marque de chocolat mais surtout un bisou !

  2. Du coup j’ai regardé le reportage, Jérémy est juste génial. J’adore, son travail, sa jeunesse, sa fraicheur et la façon dont il partage sa passion. Merci Bruno pour ton texte qui m’a donné envie de m’attarder en ce soir de froid, où il ne neige malheureusement pas encore sur Paris…

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