Cadeau au dos
Il est minuit, Arsène ouvre un paquet à Noël, long comme une bouteille de whisky écossais tourbé ; c’est du Caol Ila de l’ile d’Islay, la meilleure pour les whiskies. Tout le monde connaît – ceux qui aiment le whisky – Lagavulin ; mais il y en a beaucoup d’autres…
Le fils lui a offert une autre bouteille de whisky, du Glenmorangie, des Highlands.
Il va faire déguster des deux ; il commence par le Glenmorangie, plus fort en alcool mais plus rond, non tourbé.
Il en sert une rasade à chacun : C’est fort, dit la mère !
La femme : C’est bon !
Le fils : Ça va.
L’autre femme a les yeux qui s’ouvrent quand sa bouche se ferme, heureuse d’être surprise par les 46 °.
Arsène : À la santé des rois mages !
La mère en redemande ; Arsène le sait ; à chaque fois qu’ils sont seuls, elle lui dit : Ça remue, hein ?
La femme : Attention !
La mère : Attention à quoi ?
Le fils : Pour comparer, il faut boire des deux !
Arsène ouvre la bouteille de Caol Ila qui titre 43°.
L’autre femme : J’y retourne aussi !
La mère : Vas-y ma fille ! Quand j’étais jeune, un kiné me massait dans le village ; d’abord ses paumes me soulageaient, le bout de ses doigts me stimulaient ; à la fin quand j’étais assise, ses bords cubitaux me réchauffaient la colonne de haut en bas ; comme ton whisky, Arsène !
Arsène connaît un kiné aveugle dont les mains lui font cet effet ; on n’éprouve pas cette sensation sans se laisser aller.
Arsène : Le whisky écossais tourbé m’emmène au champ ; je suis les sillons comme les bords cubitaux du kiné me longent le sillon dorsal ; de la terre monte la chaleur ; je m’étends.
La femme : Ça donne envie.
La mère : Arsène, demande à ton kiné un massage au whisky !
Arsène : Pourquoi pas ! Quand l’énergie de son corps pousse ses bords cubitaux de haut en bas de ma colonne, je sens cette chaleur m’envahir ; j’irai plus loin, peut-être ?
La mère : Oui, ça m’envahit ; ça déferle ; mes digues sautent…
Tous : La digue dondaine, la digue dondon !
La mère : Je sautille le long de la la haie décorée de boules de Noël, les merles courent sur leurs pattes « tacatacata » !
Soudain, ils entendent la sonnette. La mère sait qui c’est.
Les femmes : On ouvre ?
Le fils : Bien sûr !
Arsène va à la porte : Qui êtes-vous ?
La voix : Le kiné. Vous m’avez demandé de venir.
Arsène : Entrez ! Je suis tellement content de vous voir. C’est incroyable ! Qui vous a appelé ?
La mère : C’est moi ; c’est mon cadeau au dos.
Merci Bruno
Heureusement que le meilleur whisky n’est pas anglais!
Bon, ben je vais être obligé d’aller me ruiner, pour les essayer! Ça avait l’air de les rendre tous bien gais !
J’aime pas le whisky, vivement une chronique sur le Médoc !
Un petit dialogue, une petite histoire pour une grande bouffée d’air indispensable en ce moment ! Merci.