Ça se passe entre coqs

    ©BDB

Kennedy, il y a longtemps, ceux qui sont venus visiter l’Élysée lors des Journées du Patrimoine, le week-end dernier, entrent par la « Grille du Coq » ; l’architecte Adrien Chancel l’a fabriquée à la fin du XIXe siècle.

Quand on regarde le coq, en haut de la grille, il a l’air d’être sur une barricade… Curieux vu l’endroit ; s’il était sur la grille du Ministère de l’Intérieur, place Beauvau, ce serait délirant !

Un jour, un député s’est pris pour un coq : Alphonse Baudin est monté sur une barricade faubourg Saint-Antoine, lors du coup d’État du 3 décembre 1851, quand Napoléon III s’est déclaré empereur, pour tourner la difficulté – impossibilité de se faire réélire – alors qu’il voulait rester au pouvoir, pour le bien du pays, bien entendu…

Des députés étaient venus demander leur soutien aux ouvriers du faubourg ; mais ils se moquèrent de leur indemnité de 25 francs par jour – une très grosse somme pour l’époque !

Quelle mouche a piqué Alphonse Baudin pour qu’il monte sur la barricade, un drapeau français à la main, et dise : « Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs ! » ?

Une première balle est tirée de la barricade, à laquelle une autre répond, en face ; touché à la tête, il meurt.

Il devient un martyr de la République, défendu à l’Assemblée par le jeune Léon Gambetta, enterré au Panthéon ; et son cénotaphe, au cimetière de Montmartre, a un trou de balle dans le gisant.

La tradition légendaire du coq gaulois remonte à Vercingétorix : il résiste à César, et lui envoie un coq pour le narguer ; César, joueur, l’invite à diner et lui sert son coq… au vin !

Vercingétorix est vexé, comme Baudin… Il donne une raclée à César à Gergovie, en -52, et puis… Alésia jacta est !

Il reste le coq au vin, fait traditionnellement avec du Chanturgue ; le vignoble de 6 ha est près de Clermont-Ferrand.

Pour faire un coq au vin, il faut acheter un coq… Mais une fois au marché, à Saint Petersbourg, par exemple, même si c’est un peu loin, face à ce coq-là, on reste médusé…

        ©Pinkassov

Gueorgui Pïnkhassov , photographe de l’agence Magnum, pense toujours « couleurs » comme il me le dit souvent ; nous sommes voisins.

Le coq au vin a-t-il le goût de la honte ou du pardon et de la réconciliation qui suit avec les échanges de bons procédés ?

Les Romains conservaient le vin dans des amphores qui lui donnaient un mauvais goût ; ils le buvaient donc avec du miel ! Les Gaulois conservaient leur bière dans des tonneaux ; les Romains y mirent leur vin…

Aujourd’hui, derrière la grille, 12000 bouteilles se reposent dans les caves de l’Élysée.

Les vins sont tous français, sélectionnés par la sommelière Virginie Routis ; elle travaillait avant au Bristol, elle a traversé la rue…

Grands vins, petits vins, tout le monde cuve encore quand le coq chante le matin très tôt, pour que l’air frais envoie les notes le plus loin possible afin que les autres coqs sachent à quoi s’en tenir – il est le chef de sa basse-cour ; et répondent de même, ça se passe entre coqs…

Et puis, la vigueur du chant dit à chaque poule qu’il est en forme !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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