À nu sans revenu

Guide conférencier, sans moi les pierres pioncent, les rois se meurent. Loin de l’art, les regards s’égarent.

 

Je travaille à Paris ville ouverte ou rouge, ça dépend des feux. Feu rouge depuis avril, en fin de droits à Pôle Emploi.

 

Le Covid m’a vidé. Je crie, j’écris mon envie de donner vie aux regards. On manifeste pour demander de l’aide, des micros se tendent sur le parvis qui me demandent si je survis.

 

 À nu sans revenu.

 

Quand la France, son Ile, Paris sont vantées partout, les guides conférenciers sont devenus riens du tout. Oubliés mais liés à l’art.

 

L’art fait peur, sa profondeur ; frondeur, l’artiste insiste. Et le regardeur, visiteur, touriste, pour s’envoler, où est la piste ?

 

Le guide conférencier gagne à faire une conférence sur l’art qui ne tue pas le regard avant qu’il n’ait vécu.

 

Surtout, partout, il guide les égarés ; leur parle de l’instant du regard sur l’art, pour qu’ils voient quelque fois l’œuvre,   et nagent au milieu d’elle, jusqu’à oublier de revenir au bord.

 

Mais si le guide conférencier se perd lui-même, il est blême ; accablé, plus de blé, sans salaire, sauf de la peur.

 

À nu sans revenu.

 

« Prenons soin les uns des autres » disent les sièges du métro, pour qu’on garde nos distances ; se reculer pour mieux se voir.

 

Regardons-nous les uns les autres, l’art nous y entraine ; le guide conférencier est l’entraineur.

 

Puissance publique, en l’absence du public, c’est une année blanche. Ses pensées noires il flanche.

 

À nu sans revenu.

 

Vas-tu enfin le soutenir, sinon quel avenir sans lui ?

 

Ne fleuriront plus les boutons de regards. Pourriront les tiges aux yeux hagards.

 

Se divertir, c’est se vêtir de poésie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  1. Ombre blanche sur le Pont des Arts
    les pierres pioncent, les rois sont morts depuis si longtemps.
    Du passé faisons table rase
    comme s’il n’avait plus rien à nous dire.
    A l’école de la soumission l’art doit rester subversif.
    Vu sous cet angle, ombre blanche qui résiste, il reste l’espérance des jours meilleurs

  2. Cher Bruno
    Ton texte est superbe, quel poète.
    Bouleversant, quelle catastrophe.
    Que faire et comment?

  3. Quel poète tu es, même dans ces moments là, tu as les mots!
    Nous les artistes nous sommes solidaires, que pouvons nous faire de mieux , nous sommes dans la même galère.

  4. Bon courage.
    Nous serons encore avec vous et nos yeux émerveillés decouvriront d’autres horizons.
    Catherine

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