Trop près

L’autoroute signe la fin des vacances : certains roulent à 130 km/h, talonnés par d’autres qui les collent jusqu’à ce que la voie soit libre…

 

Aux toilettes hommes si nous nous installons juste derrière celui qui se soulage, il s’interroge ; dans le métro aux heures de pointe, si nous collons notre voisine, ça l’énerve ; au distributeur si nous sommes trop près de la personne qui retire de l’argent, elle s’inquiète…

 

Revenons sur l’autoroute A 10 où parfois s’affiche sur un portique, une plaque minéralogique avec la mention : trop près. Mais quelqu’un qui conduit trop près peut-il changer d’attitude, grâce à une formule vue à 180 km/h, et sous réserve qu’il connaisse sa plaque par cœur, ou qu’il soit interpellé par l’idée même que son absence totale de sens des distances est hyper stressante pour les autres ?

 

Quittons l’autoroute pour aller au Musée d’Orsay, voir L’Origine du Monde qui nous donne la sensation d’être trop près d’un sexe féminin. L’Origine du Monde fut peint en 1866, par Gustave Courbet et vendu à Khalil-Bey, érotomane ottoman ; plus tard Lacan en devint propriétaire.

 

Khalil-Bey dissimulait le tableau derrière un rideau ; Lacan demanda au peintre André Masson, son beau-frère, de réaliser un tableau écran à mettre devant. Aujourd’hui, il n’y a plus de « cache-sexe », mais le Musée d’Orsay (1), conscient du pouvoir troublant de cette œuvre, l’a installée dans une salle à laquelle on accède par une autre (2), sans qu’on puisse dire que le tableau soit… trop loin.

 

Ce tableau est-il cadré de très (trop) près ? Tout dépend de notre rapport avec « ça » ; il est toujours intéressant voire franchement poilant de regarder à la dérobée non pas le tableau mais comment les gens le regardent…

 

(1) Le Musée d’Orsay possède L’Origine du Monde depuis 1995.

 

(2) L’Origine du Monde est accrochée dans une salle dédiée à des peintures de Courbet, derrière une autre salle où sont accrochées des photographies en noir et blanc de tout petit format ; cette salle est à gauche de la galerie principale, au niveau d’Olympia.

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