Nec ta mire

Sur le portail ouest de la cathédrale Sainte Croix d’Orléans, il y a une couronne royale en pierre soutenue par deux anges. Cette cathédrale gothique a été en partie détruite par les protestants au XVIe siècle ; ils ne supportaient pas que le prince de Condé, l’un de leurs chefs, négocie avec les catholiques.

 

La cathédrale est restaurée par Louis XIV en 1679 ; sa devise Nec Pluribus Impar ( À nul autre pareil ) est inscrite en lettres dorées à la feuille d’or au centre de la rosace nord.

 

Nec Pluribus Impar  figure aussi, surtout, au plafond de la Galerie des Glaces au château de Versailles, lui aussi « à nul autre pareil » !

 

Dans la cathédrale d’Orléans, les baies des bas côtés nord et sud accueillent 10 verrières qui retracent l’épopée de Jeanne d’Arc, depuis les moutons de Domrémy jusqu’au bucher à Rouen, via l’entrevue de Chinon, la délivrance d’Orléans, le sacre à Reims, la capture à Compiègne…

 

Ces vitraux datent de la fin du XIXème siècle, époque de l’exaltation de son culte ; ils sont l’œuvre du peintre Esprit Gibelin et du maitre verrier Jacques Galland.

 

Extérieur et intérieur, Ripolin recommandait une seule couche ; le pouvoir – aussi bien royal que républicain – en a mis trois sur la cathédrale…

 

Mais qui était vraiment Jeanne d’Arc ? Bras armé d’une stratégie royale et secrète pour se débarrasser des Anglais à Orléans en 1429 ; stratégie qui, la politique ne suffisant pas, se sert de Dieu, sous les traits d’une fausse bergère qui n’a jamais gardé de moutons, mais s’est entrainée à cheval pour faire la guerre ; elle était très douée…

 

Jeanne d’Arc était une princesse de sang royal, et pas n’importe laquelle : la demi-sœur du dauphin Charles VII.

 

Leur mère était Isabeau de Bavière, reine de France, mariée à Charles VI (1). Le père de Jeanne était l’amant d’Isabeau, Louis d’Orléans. Le père de Charles VII, Charles VI.

 

Elle reconnut sans difficulté son demi-frère à Chinon, même debout dans la salle au lieu d’être assis sur son trône, occupé par un autre, pour l’induire en erreur ; on s’amusait d’un rien pendant la Guerre de Cent Ans !

 

Blague à part, pour démêler le vrai du faux, offrez-vous L’Affaire Jeanne d’Arc, 2007, un livre très documenté, captivant, écrit par Roger Senzig et Marcel Gay (2).

 

Imaginons Jeanne d’Arc en première ligne face aux soldats anglais au siège d’Orléans ; elle mélange son éducation latine et son sens guerrier pour leur lancer un : « Nec ta mire » !

 

(1) Charles VI de France et Henri V d’Angleterre signent le traité de Troyes en 1420, selon lequel le premier, à sa mort, laisse sa couronne au second ; le duc de Bourgogne, Philippe le Bon, allié des Anglais, est à la manœuvre, profitant de la faiblesse de Charles VI. En 1422, Charles VI, puis Henri V, meurent… Henri VI s’installe à Paris, proclamé roi de France et d’Angleterre ; Charles VII, à qui rien n’est promis, quitte Paris et s’autoproclame roi, jusqu’à ce que Jeanne arrive…

 

(2) Noël vous a ruiné ? Il existe en poche !

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.