Like Elvis
D’habitude le guide conférencier brille, il sait ce que les autres ignorent. On l’écoute, c’est plus poli, puis on s’ennuie ; tout cet art qui ruisselle sur les rochers en marbre, quand j’aimerais un coin en mousse avec ma préférée, dont les caresses seraient du miel ; du miel qui ne collerait pas, son amour est si doux qu’il n’adhère pas au parti.
Prendre ou ne pas prendre parti ? Dans une visite Vu sous cet angle le regard s’ouvre comme une fleur, le mien, le tien, et celui de cette personne timide, qui regarde, regarde, et soudain dit ce qu’elle voit, et l’on découvre où l’œuvre l’emmène…
Dans une visite Vu sous cet angle les angles de visions commencent par chauffer les regards, les adjectifs arrivent donnant des couleurs aux sensations, on rigole, et puis le vide, l’inconnu, l’étrange, se rapprochent ; le guide nous aide à nous perdre…
Perdre, le contraire de gagner. On peut perdre son temps, on le gagne rarement. On n’achète pas un moment, on le vit ; la magie opère quand les regards des uns ouvrent ceux des autres.
Dans visite, il y a vie, et hit pour attirer le client ; vis’ entre les deux, du verbe viser. Qu’est-ce qu’on vise ?
Le moment où l’œuvre nous regarde, nous concerne, nous évoque autre chose : devant le bel Arès en marbre (IIeme siècle ap JC) auquel elle venait de donner 10/10, Lucille, une Américaine de 72 ans, pas du tout extravertie, a vu ses lèvres et m’a dit : « He’s like Elvis ».
Bruno de Baecque