Qu’est-ce que c’est “animer” ?

Les visites Vu sous cet angle que j’anime commencent à se faire un peu remarquer, tant mieux et pourvu que ça dure… Qu’est-ce que c’est animer ?

 

Animer, dit Larousse – bien qu’on ne se soit jamais intéressé à sa couleur de cheveux – c’est « donner du mouvement, du dynamisme à un groupe », et Robert, qui n’est pas son mari, insiste sur « donner l’impulsion, être à l’origine de l’activité ».

Dans les visites Vu sous cet angle j’utilise la vie du groupe, les réactions, quelles qu’elles soient, pour nourrir l’animation, la faire rebondir, lui donner de l’énergie. Une bonne visite suppose des évènements… Ils arrivent toujours, il suffit de les canaliser. Animer.

Le 3 janvier 2013, lors d’une visite dans les passages, une femme charmante, fan de baby-foot, m’a demandé comment je faisais pour savoir autant de choses et donner l’impression que je les découvrais avec le groupe. Sur le coup, atteint par le compliment, je n’ai su quoi répondre…

Maintenant, si. Chère Madame, les choses me viennent à l’esprit sur place, après y avoir pensé assez longtemps, avant. Je suis détendu quand j’anime une visite car j’ai une profonde confiance dans ma capacité à parler. Je suis le frère de Minetti, le personnage de la pièce éponyme de Thomas Bernard. Parler pour moi, comme pour lui, c’est viscéral, cela vient du plus profond de mon être. Je parle, donc je vis.

 

Je parle pour libérer la parole, je provoque, je me moque, je donne du contenu comme dit ce drôle de mot. Oui, contenu c’est con, tenu par quoi, on se demande ? Dans le doute je ne me tiens pas trop et c’est à la limite de l’équilibre, façon dandy, que j’essaie de rendre palpable la poésie qui ne fait jamais que passer, qu’on soit ou non dans les passages…

 

Un dandy n’animera jamais une visite : il se fout éperdument du groupe, il n’est qu’avec lui-même, à force d’être. « Etre beau, beau et con à la fois » chante Brel. Animer, c’est éviter de trop s’y croire avec ce qui est beau, en lui donnant de la vie, dont le charme est d’avoir toujours un côté un peu con.

 

Bruno de Baecque