La Ferrari au rond point

Au Grand Palais, lors de la FIAC en 2013, Épave de Ferrari 308 GTA, œuvre de Bertrand Lavier, a été vendue 190 000 €.

 

Les voitures qui ont brûlé samedi 1er et 8 décembre dernier ne sont pas considérées comme des œuvres d’art ; pourtant elles sont le résultat d’un accident ; un accident de société.

 

Sur le trottoir du boulevard, la semaine dernière, on me distribue une plaquette MADE IN  avec le titre : Les Artisans parisiens à l’honneur. Je lis (1) en page 5, le Dress Code de la maison Camps de Luca « adresse prestigieuse à la réputation feutrée ».

 

Le costume doit être gris ou bleu, le noir est réservé au smoking ; la veste doit avoir deux boutons ; le pantalon doit vous arriver juste sous les hanches, ne casser qu’une seule fois et ne cacher qu’un œillet de chaussures… La chemise est blanche, bleue pâle voire rose pâle.

 

Charles de Luca déclare : « Le costume est une forme d’armure qui par sa perfection donne confiance en soi. Mais l’élégance n’est pas que vestimentaire : c’est une façon de marcher, de se tenir, d’ouvrir une porte ou de dire bonjour. »

 

Le plus important n’est-il pas de se dire bonjour, sans façon ?

 

Épave de Ferrari 308 GTA montre la légèreté d’un marché de l’art qui continue à oublier les accidents de la société en accordant tant de valeur à une œuvre anecdotique.

 

Pendant ce temps, un rond point, deux ronds points, trois ronds points de Gilets Jaunes… Lors d’un tour en Val de Loire avec 4 clients américains, dimanche 9 décembre, la réalité reprend sa place : les Gilets Jaunes, fatigués, sous la pluie, gentils, nous font symboliquement attendre…

 

Le chauffeur et moi leur disons notre soutien : ce n’est pas pure démagogie, même si nous sommes en mission, mais pas pour Dieu ; n’est pas Blues Brothers qui veut (2).

 

Ce genre de barrage est-il possible aux USA ? La réponse des 4 clients est non. La route est faite pour rouler…

 

Imaginons une Ferrari au rond point ; son conducteur porte un costume Camps de Luca. Pas d’accident, mais pour autant qu’est-ce qu’il se passe ?

 

QCM :

A ) Le propriétaire donne 200 € en liquide

B ) Il dit que sa société perd beaucoup d’argent à cause de tous ces ralentissements ; les Gilets Jaunes lui répondent qu’eux aussi…

C ) Il demande combien de temps il doit attendre et remonte sa vitre

D ) Il dit que ce n’est pas sa voiture et que s’il avait su il ne serait pas venu ; les gilets jaunes citent la fable de La Fontaine : « Si ce n’est toi c’est donc ton frère, ou bien quelqu’un des tiens ».

 

(1) Au lieu de la mettre dans la première poubelle

 

(2) Dommage !

 

 

 

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