Guerre et paix à Berlin

Une croisière sur la Spree à Berlin est une expérience bouleversante pour qui connait l’esprit des croisières sur la Seine à Paris, où un pont chasse l’autre, le long des quais dominés de façades prestigieuses. Berlin a été bombardée à la fin de la seconde guerre mondiale – Paris outragé, à côté ? – puis la guerre froide fit construire le mur dont la chute remonte à moins de 30 ans. La croisière sur la Spree traverse une ville moderne, ponctuée de quelques monuments anciens.

 

Souvenir de guerre, le Reichtag, incendié en 1933, soi-disant par Marinus van der Lubbe, syndicaliste hollandais, mais en réalité par les nazis eux-mêmes, pour en accuser les communistes ! Restauré depuis, le Bundestag est dominé par une coupole moderne signée Norman Foster ; point de vue panoramique à 360° sur Berlin ! (1)

 

Souvenir de guerre, l’énorme blockhaus intégré dans le Pallasseum, à l’ouest du Park am Gleisdreieck : un immeuble moderne dont l’autre particularité, plus joyeuse, vient de ses multiples paraboles sur les balcons, peintes en tournesol, rose, tête de chat, capsule de bière…

 

Souvenir de guerre froide, le mur de Berlin, tombé en 1989, dont on voit des morceaux entiers dans le nord de la ville, au Gedenksätte Berliner Mauer : un mirador, le no man’s land, quelques vidéos qui montrent des gens, même âgés, qui essayent de passer à l’ouest…

 

La guerre n’a pas tout détruit : l’île aux musées est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses 5 musées, dont le Alte Nationalgalerie, où actuellement se tient l’exposition Wanderlust (2), avec entre autres, des peintures de Caspar David Friedrich ; on peut voir, revoir, Le voyageur contemplant une mer de nuages, et se plonger dans ce que le personnage regarde…

 

Paris-Berlin fut une exposition remarquée au Centre Pompidou en 1978 (3), l’année d’après l’ouverture. Moins évènementiel, un voyage de 4 jours à Berlin, offert par ma femme pour mes 60 ans – 15 ans / jour – a ouvert mes yeux de Parisien habitué à une ville de pierre : Berlin est très verte !

 

Dès l’atterrissage à Berlin-Tegel, la nature apaisante déborde : la forêt est là au bord de la piste, un lac à côté. Le bus nous mène par des rues larges et bordées d’arbres.

 

Lorsqu’on se promène en vélo (4) – moyen de locomotion idéal car la ville est aussi grande que plate – et qu’on traverse un parc, par exemple Tiergarten, les immenses prairies ombragées invitent à la rêverie (5).

 

Comme argument de vente, le capitaine du bateau de la croisière, annonce : « Bière à bord ! » ; elle est bonne !

 

Restons sur la bière : Nolle est une brasserie année 1920, située sous les arcades de la gare de Friedrichstrasse ; le décor est superbe, et dans la salle basse, c’est encore mieux.

 

Café Einstein est une merveille de calme sur Unter den Linden, la fameuse avenue qui mène à la porte de Brandebourg : l’apfelstrudel y est remarquable.

 

Weyers, nettement plus à l’ouest est aussi une valeur sûre : asperges à la sauce hollandaise, un classique, avec une bière, évidemment (6).

 

Nos voisines chez Weyers, deux dames âgées, portaient d’élégants tee-shirts, buvaient une bière, se partageaient une flammenküche, et se disaient des choses qu’on se dit l’après-midi.

 

(1) Gratuit mais tickets à prendre à l’avance pour des créneaux horaires précis, sur présentation de CNI ou de passeport.

 

(2) Wanderlust = envie de voyager. Avec Friedrich le voyage est garanti !

 

(3) Le commissaire d’expo était Werner Spies, qui fut directeur du Centre Pompidou de 1997 à 2000 ; il est allemand.

 

(4) Loué chez MRB, près de Nollendorfplatz ; pas cher du tout : 8 € / 24h

 

(5) Un vélothon avait lieu sur Strasse des 17 Juni qui coupe Tiergarten ; ils distribuaient des ballons gonflés à l’hélium. Nous avons vu un chien passer avec son maître sur la prairie, un ballon blanc accroché à son cou ; mettons que le chien ait le sens de l’humour…

 

(6) Autre expérience remarquable : la soupe aux légumes avec saucisse de Francfort coupées en morceaux dedans ; magique !

 

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