Antony Caro, As de la sculpture contemporaine

Olympia stupéfia en 1865 ! Une jeune femme nue allongée sur un divan en compagnie d’un chat et d’une servante, noirs tous les deux, l’un sur le lit, l’autre avec les fleurs debout derrière. Manet ne montrait pas une déesse, mais il la nomma Olympia (1). After Olympia est une sculpture d’Antony Caro, posée sur le parvis de La Défense.

 

Connaissez-vous Antony Caro (1924-2013) ? Ne répondez pas tous à la fois… Cet artiste britannique travaille d’abord avec Henry Moore, puis il rencontre aux USA, des passionnés d’art abstrait dont il suit la piste et découvre les matériaux industriels.

 

After Olympia est installée entre le centre commercial Les 4 Temps et le CNIT (2). Exposée d’abord sur le toit du Metropolitan Museum à New York, puis à la Tate Gallery à Londres et dans les marchés de Trajan à Rome, l’œuvre est acquise par le service culturel de l’EPAD (3) en 1991.

 

Imaginons Antony Caro, en Grèce, devant les ruines du temple de Zeus, à Olympie ; il voit le fronton, d’après des éléments reconstitués. Il le trouve beau ; il ne dit pas comme Coluche « c’est beau on s’casse », mais peut-être, c’est beau je casse… le mythe ; ainsi, il nous aide à voir ce qu’il y a après l’Olympe !

 

Du fronton du temple, Caro a retenu les formes des dieux et non les dieux ; mais les dieux ne sont jamais que les formes de l’imagination des hommes qui les ont créés à leur image pour se sentir épaulés.

 

Caro nous convie à un after spirituel à l’époque où ils sont à la mode dans les cafés branchés sous forme de cocktails. Avec After Olympia, le fronton est au parvis sinon au tapis.

 

Que voyons-nous dans ces formes d’acier, pliées, soudées ? La réponse dépend de chacun de nous ; de la durée de notre regard de 15 secondes à 3 minutes et des angles de vision que nous choisissons, de face, de biais, de loin, de très près.

 

Toucher After Olympia ? C’est possible, alors qu’il a toujours été impossible de toucher les dieux ; demandez à Ulysse, depuis qu’il est rentré de son voyage…

 

(1) C’est un poème de Zacharie Astruc qui inspire le titre :

« Quand, lasse de songer, Olympia s’éveille
Le printemps entre au bras du doux messager noir ;
C’est l’esclave, à la nuit amoureuse pareille,
Qui vient fleurir le jour délicieux à voir ;
L’auguste jeune fille en qui la flamme veille… »

 

(2) Avant que les tours ne grattent le ciel, le CNIT fut la première voûte géante posée en 1958, à La Défense. CNIT, Centre de Nouvelles Industries et Technologies, fut installé sur l’emplacement des anciennes usines Zodiac ; comme leur nom ne l’indique pas, elle furent d’abord spécialisées dans l’aéronautique, avant de fabriquer le Zodiac d’Alain Bombard.

 

(3) EPAD : Établissement Public Aménagement Défense

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