Le lion et la robe de chambre
La Fontaine observait les animaux en forêt. À Paris, place Denfert-Rochereau, on peut tourner autour du Lion de Belfort sculpté par Bartholdi ; on le voit grossir à mesure que la place s’efface…
Carrefour Vavin, Balzac est en robe de chambre. Rodin l’a taillé, l’air ailleurs, qui nous domine de ces sourcils. Rodin a eu des ennuis avec l’œuvre ; il était le premier à tenter de voir un artiste au lieu de lui rendre hommage. La puissance est là, phénoménale.
Le lion dit la force intérieure de la résistance à l’ennemi ; la robe de chambre dit la force intérieure de l’écrivain face à son œuvre ; Bartholdi et Rodin montrent que l’inspiration d’un artiste tient plus de la jungle que du zoo.
Quand un artiste va chercher loin, pour le suivre, il faut qu’on aille loin aussi. Se faire peur ? L’art ne rassure pas ; il assure, quand rien d’autre ne marche, que lui au moins, il tient !
Bruno de Baecque