Hantaï, le génie déplié

Tabula qu’Hantaï a réalisé à la fin de sa vie en s’inspirant du tablier à carreau de sa mère, est la première œuvre que présente l’exposition Hantaï au Centre Pompidou, celle qu’on voit de loin dans le couloir. C’est une manière de dire : voilà jusqu’où Hantaï a été, et maintenant vous allez voir comment il en est arrivé là. Bien vu !

 

Ses premières peintures sont pleines de couleurs criardes, de formes parfois daliniennes, ou autrement surréalistes : le réveil d’Hantaï n’a pas encore sonné…

Réveil ! Comme si un peintre se réveillait un beau matin, pourtant Hantaï utilise son réveil pour peindre.  Blague à part, il fait dès les années 50 des essais de pliages qui contiennent en germe tout ce qu’il va explorer…

 

Son travail méthodique le pousse à réaliser avec deux techniques différentes, deux très grandes toiles, Ecriture rose, remplies de mots indéchiffrables et A Galla Placidia, réalisée avec des tampons. Il met un an à les peindre, l’une le matin, l’autre l’après-midi. Incroyable !

 

En 1960 il explore le pliage et les nœuds dans une série de grands formats Mariale. La technique est assez simple, il fait des nœuds sur une toile qu’il peint ensuite dans une couleur, avant de défaire les nœuds, et d’obtenir des motifs avec les zones non peintes.

 

Voilà pour la technique qu’il va théoriser, pour le plus grand plaisir des amateurs de théorie et de ceux qui aiment avoir l’impression de comprendre quand l’artiste leur parle de son art dans une vidéo. Mais n’oublions pas qu’il n’y a rien à comprendre dans une œuvre, car elle ne signifie rien. Elle est. Rien à comprendre, tout à prendre, tout ce qu’on peut…

 

Dans la série Mariale, l’art d’Hantaï transforme une toile en « vitrail » avec la lumière qui passe au travers, une autre en mer vue d’avion ou carte en relief…

 

Hantaï agrandit ses motifs avec le même principe des nœuds, mais moins nombreux, puis il assombrit le fond de la toile qui jusque là était laissée en blanc. En prenant du recul, la toile s’ouvre.

 

Hantaï découvre autre chose : il noue les 4 coins d’une toile sur une porte, obtient un volume qu’il peint, et en dénouant, la forme compacte flotte au milieu de la toile. C’est la série Panse, où des formes, parfois entaillées, flottent dans l’espace. Cosmique !

 

Dans la série Meun, deux masses légères de couleurs différentes jouent entre elles. Danse ou lutte ?

 

Hantaï danse avec les toiles, pas pour exprimer quelque chose, mais pour que des « plis comme méthode » jaillissent les étoiles.

 

Bruno de Baecque

 

 

 

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