Revenir sur les lèvres
Demain à 19 h, nous passerons un moment ensemble, nous boirons certainement un verre, ensuite nous dinerons, probablement ; nous nous dirons un peu qui nous sommes, plus que la dernière fois au téléphone…
Mais n’envisagez rien d’autre que la possibilité d’une plage où nous arriverons ensemble, un jour ; vous aurez quelques herbes dans les cheveux, je serai derrière vous, je nage moins vite.
J’aime ce rouge Pourpre Edgy N° 326 de Givenchy ; il est plus qu’un rouge à lèvres… Une armure ?
Il m’habille les lèvres d’une couleur intense, semi-mat, en un seul passage ; face à la glace, je ne pense qu’à vous.
Elle arrive la première. Le 326 l’impressionne dès qu’il s’approche d’elle. Elle comprend et anime : Vous aimez l’art contemporain ?
Un peu, répond-il sans se rappeler qu’elle est guide conférencière.
Elle poursuit en pensant à son 326 : Dans l’œuvre B52 de Wolf Vostel, il y a 15 tubes de rouge à lèvres comme 15 bombes.
Ça l’inspire : Alors Wolf Vostel est un pirate qui détourne le B52 dans la salle de bain, pour se faire les lèvres pas la guerre !
Elle s’excite : Il a co-fondé Fluxus en 1962 ; le mouvement a marqué l’art contemporain, en cultivant les liens entre l’art et la vie.
Y a-t-il une vie sans B52 ni 326 ? s’amuse-t-il.
Peut-on vivre sans séduire ? se risque-t-elle.
Ils se taisent, mais ils brûlent. La promesse de la plage a-t-elle un sens ? Il est assis sur la banquette, elle le rejoint et lui laisse une empreinte de 326 sur la bouche.
Son armure était-elle mal attachée ? Le 326 ne parlait pas d’armure, c’est elle qui a imaginé, mais d’un seul passage. Pourtant il est bon de revenir sur les lèvres.
Certainement le rouge à lèvres préféré de Louise Michel et Arlette Laguiller !
15 lèvres… Lettre XIII… la lettre écarlate