Envie de lui donner mon pull
Lors d’un très récent voyage à Florence, j’ai vu cette fresque de Masaccio dans la chapelle Brancacci. Chapelle, dédiée à Saint Pierre, elle-même dans l’église del Carmine, construite au XIIIe siècle, sur la rive gauche de l’Arno. Tommaso di Giovanni Cassai, dit Masaccio (1401 – 1428) est un peintre, mort à 27 ans, dont le génie a changé la donne au début du Quattrocento, la première Renaissance.
Quelle donne ? Il a peint à fresques des personnages aux expressions vivantes comme jamais auparavant ; il a été le premier à utiliser la perspective inventée par l’architecte Brunelleschi, son contemporain.
Dans la chapelle Brancacci, la fresque Le Baptême des néophytes montre Saint Pierre qui baptise un jeune ; l’eau coule sur ses cheveux. Derrière, un autre jeune attend son tour, en slip. Il a l’air d’avoir froid avec son dos vouté et ses bras croisés… En regardant la fresque, j’ai eu envie de lui donner mon pull !
Cela fait longtemps qu’une œuvre d’art ne m’avait pas fait un tel effet. Ma relation avec ce jeune qui grelotte montre que j’étais réceptif… Jusqu’à l’excès ? (1)
Excès de quoi ? C’est la question. Faut-il regarder avec modération ou suivre son regard où qu’il aille… ? Aie !
« Émotions censurées j’en ai plein le container » chante Bashung dans Volontaire ; la fresque de Masaccio ouvre la porte du container. À l’intérieur il fait sombre…
Que faire ? Antoine Blondin disait « Je suis rester au seuil de moi-même car à l’intérieur il fait trop sombre. » C’est brillant !
Ou alors regardons la fresque, et le reste, jusqu’à ce que « le seuil de nous-même », autrement dit notre paillasson, devienne un tapis volant…
(1) Pas de syndrome de Stendhal, les pompiers ne sont pas venus… Je suis resté debout.