Munch ne crie pas, il peint

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« Expliquer un tableau est impossible – C’est justement parce qu’on ne peut pas l’expliquer autrement qu’on peint – On ne peut que pointer du doigt la direction qu’on a voulu prendre » écrit Edvard Munch.

La direction à prendre jusqu’au 22 janvier 2023 est celle du Musée d’Orsay qui lui consacre une exposition.

Edvard Munch, peintre norvégien (1863-1944), est connu pour Le Cri, son tableau iconique dont l’exposition ne montre qu’une lithographie pour nous inviter à ouvrir les yeux sur le reste…

C’est en peignant l’angoisse qu’il a ressentie face à un ciel rouge, que Munch « a pointé du doigt la direction » du Cri, via L’Angoisse.

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Superposition de masses vertes, forêt ; bleu, mer rythmée par la houle ; bandes rouges et jaunes qui animent le ciel ; son univers est là, dans lequel errent des silhouettes solitaires.

Les cris auxquels nous sommes confrontés dans la vie, qui hurlent l’angoisse, dans un couloir d’urgences d’hôpital, sont déchirants. Munch ne crie pas, il peint ; des séries.

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Au bord du lit de la défunte, cinq proches : visage verdâtre au premier plan, les yeux rougis ; deux autres visages sont ocre rouge, comme le mur du fond, l’un a une sorte de bec d’oiseau ; une forme noire les coiffe ; les mains du père prient.

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Tâches de couleurs sur le lit mortuaire, d’autres montent aux murs en d’autres tons, se resserrent pour coiffer les deux visages du premier plan ; les mains du père prient encore ; le regard de la femme au premier plan est hypnotique.

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Les bandelettes noires ondulent sur chaque vêtement, transforme le lit en baignoire qui flotte, dessinent deux visages fantomatiques. Les mains prieuses du père sont informes ; le visage du premier plan, creusé, esquisse un sourire ; extase ?

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Deux visages se fondent en un seul : moment d’apnée dans les profondeurs du désir. Munch a aimé passionnément.

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Neige fraîche sur l’avenue, tiges vertes, geysers mauves, sucettes brunes, champignons bleus, rouges.

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Les amants se quittent. La traîne de sa robe longue longe le rivage jusqu’au bout de la baie ; ses cheveux effleurent son ex, noyé dans le noir, dont une partie revient vers elle, au- dessus des cheveux : « C’est pas facile de se dire adieu » chante Miossec.

 

L’artiste et son modèle n’a rien d’accueillant comme pourrait l’être une journée « porte ouverte » de son atelier ; mais pourquoi l’artiste devrait-il nous accueillir ?

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Il ne peut pas, parce qu’il n’est pas avec nous. Il descend au fond de lui-même ; faisons de même, laissons-nous atteindre profondément, taisons nos cris ; peut-être, parfois, nous nous approcherons de lui en silence.

 

 

 

 

 

 

  1. Très belle chronique qui provoque l’envie d’aller très vite admirer ces oeuvres. Je vais devoir attendre, pas de nocturne aujourd’hui à Orsay.

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