Scène d’amour au Grand Palais : Le Christ et la Madeleine

Le génie de Rodin nous submerge dans la première salle de l’exposition Rodin qui vient de commencer au Grand Palais : L’Âge d’airain, L’Homme qui marche, Les Bourgeois de Calais, Le Penseur ; ils sont tous là.

À côté du Penseur, Volk Ding Zero est une sculpture de Georges Baselitz, sensiblement dans la même position ; elle nous annonce que Rodin a inspiré les modernes.

Avançant de salle en salle, on tombe sur Le Christ et la Madeleine. Deux versions, en plâtre et en marbre, montrent le Christ crucifié et Marie-Madeleine, nue devant lui.

Il est rare de voir une œuvre d’une telle l’intimité. Le célèbre Baiser de Rodin est intime ; dans Le Christ et la Madeleine, l’intimité va au-delà : on voit une scène d’amour impossible.

Pour faire scandale, Dan Brown a insisté dans Da Vinci Code, sur les relations du Christ et de Marie-Madeleine.

Les scandales des œuvres de Rodin ont ponctué sa vie artistique (L’âge d’airain, La Porte de l’Enfer, Les Bourgeois de Calais, Balzac) mais il ne les provoquait pas ; il était juste trop sensuel pour son époque étriquée.

Le Christ et la Madeleine va-t-elle faire scandale 100 ans plus tard ? Ça m’étonnerait ; aujourd’hui, on est si cool !

Le Christ et la Madeleine n’est pas au milieu d’une salle ; l’œuvre fera de l’effet à ceux qui gardent assez d’énergie dans leur flânerie pour se laisser embras(s)er…

Le Christ et la Madeleine déborde de sensualité, d’amour, de tendresse, de caresses, d’envie de se taire pour mieux se deviner peau à peau. La tête épuisée de Jésus s’appuie sur l’épaule de Madeleine dont la main agrippe un morceau de la croix ; ensemble ils tombent comme un météorite dont Rodin voit la lumière dans l’atmosphère.

 

Bruno de Baecque

 

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